lundi 1 janvier 2018

Nosferatu.com en DVD



Nosferatu.com



Le found fountage, depuis quelques années, a le vent en poupe. Très prisé des amateurs de cinéma d’épouvante, il ajoute un soupçon de véracité aux intrigues qui nous sont contées en les inscrivant dans une réalité palpable. Malheureusement, ce procédé génère les défauts de ses qualités et certains griefs lui sont généralement adressés : images saccadées voire floues, pénombre frustrante, montage elliptique, plans fixes sur un décor où il ne se passe rien, attente interminable d’une action … Des écueils qu’évite Nosferatu.com, le film de Julien Dève. Des chasseurs de monstres réunis autour d’un blogueur, Jérémy (Anthony Lefebvre) visitent et investissent une immense usine désaffectée où un homme aurait disparu quelques jours plus tôt. Jérémy ne croit pas la version officielle des autorités et subodore que des créatures surnaturelles, pourquoi pas des vampires, s’avèrent les responsables de sa disparition. La fine équipe (trois binômes investiguant chacun une partie des lieux) se montre au départ dubitative quant aux intuitions du blogueur. Les blagues fusent sanctionnées de rires gras. Pourtant, bientôt, la nature des lieux fait son effet sur ces surnatural busters du cru. La découverte d’une pièce malodorante remplie d’inscriptions cabalistiques, peinturlurée de pentagrammes semblent abonder dans le sens de Jeremy. Les bruits se font plus mystérieux et inquiétants… Et tout s’accélère…
 Je ne vais évidemment pas raconter tout ce qu’il se passe jusqu’au dénouement prophétique (le dernier plan après le générique) mais l’amateur de Fantastique en aura pour sa maille car bien évidemment, cette ancienne laiterie est truffée de créatures vampiriques, conjuguant férocité et appétit vorace. Pour couronner le tout, dans le même temps, se tourne une émission de téléréalité, sorte de L’amour est dans le pré version hardcore où un homme et une femme (chabadabada) se rencontrent dans des conditions extrêmes. En l’occurrence, ils doivent passer la nuit dans l’usine désaffectée, filmés par une caméra indiscrète et en supportant les commentaires d’une présentatrice un brin godiche, le genre à sourire face caméra et faire du pâté de groin une fois le tournage stoppé.  Ce ne sera pas l’amour au rendez-vous mais plutôt la mort…
Produit par l’usine à films, Nosferatu.com recèle de beaux effets spéciaux : les vampires ont un aspect effrayant accentué par le principe du « found footage ». Les auteurs n’ont pas lésiné sur quelques séquences gore : le policier tué ou quelques morsures. Nous devinons aisément que les moyens étaient limités (une campagne de crowdfounding fut d’ailleurs dédiée à cette production) mais les auteurs font tout pour que le film fonctionne : le décor de cette usine ressemble à un dédale sans fin de pièces délabrées, la figuration est importante. Souvent dans les productions amatrices ou semi-professionnelles, là où le bât blesse c’est au niveau de l’interprétation. Ici ce n’est pas le cas, nous sentons que les gens impliqués sur le film l’ont pris au sérieux et le long métrage (69 minutes) ne souffre pas de ce défaut inhérent à ce type de productions.
Au final, le film est porteur de promesses. J’aspire à découvrir les prochaines productions de l’usine à films et voir ce que Julien Dève pourrait mettre en scène avec davantage de moyens. Pour les aider et passer un bon moment, vous pouvez d’ores et déjà commander le DVD du film (avec un court métrage, amorce  de ce long et un making off) disponible sur le shop de l’usine à films.
Nosferatu.com mérite d’être découvert : bel exemple de found footage maitrisé adapté à son sujet (le vampirisme) et belle preuve de la vitalité d’une jeune génération de réalisateurs qui ne demande qu’à s’exprimer.

Didier Lefèvre

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